
L’oiseau de passage
Spectacle interactif et intimisteDurée : 10 minutes par rencontre (jouable jusque 3 heures par jour )Pour deux marionnettistes accompagnés d'un musicien
L'oiseau de passage
Bienvenue chez Albertinho, bistrotier marionnettiste au grand coeur, dans son minuscule café ambulant ! À mi-chemin entre guinguette de poche et théâtre de rue, L’Oiseau de passage vous ouvre les portes d’un troquet comme on n’en fait plus, où l’on entre deux par deux pour partager un verre et une histoire de comptoir.Ici, on parle jardin, oiseaux, amours perdues, histoires du quotidien et patates nouvelles… On rit, on écoute, on se raconte, on se laisse surprendre. À l’extérieur, l’accordéon fait danser les coeurs et un petit stand solidaire – Le Potager au kérosène –propose des légumes du jardin gratuits à qui en a besoin.L’Oiseau de passage, c’est un moment de poésie déjantée et d’humanité retrouvée, qui s’installe le temps d’un souffle dans vos villages, vos places, vos rues. Parce qu’un simple café peut raviver la chaleur, la joie et l’envie d’être ensemble.

Un café miniature, une marionnette taille humaine, des histoires extraordinnaires. Depuis toujours, les cafés de village ont été des lieux de vie : on y venait pour parler, pour rencontrer, pour pleurer, jouer, trinquer, chanter, refaire le monde ou simplement le regarder passer. Ce sont ces lieux de chaleur ordinaire, aujourd’hui presque disparus, que nous avons eu envie de faire renaître – à notre façon, décalée, poétique, artisanale. L’Oiseau de passage, c’est un café de poche qui tient dans 2m50 sur 1m50. Un troquet minuscule, mais immense par l’imaginaire qu’il convoque. Il est tenu par Albertinho, une marionnette à taille humaine, bistrotier doux rêveur, amoureux des oiseaux, du jardin et des gens. Dans son café, on entre à deux. Il vous offre un verre et, le regard franc, vous raconte une histoire de comptoir – drôle, fragile, absurde ou touchante. À l’extérieur, un accordéoniste fait danser l’attente, pendant qu’un stand solidaire, Le Potager au kérosène, propose à qui le veut des légumes gratuits, issus d’un jardin partagé ou récupérés localement. Ce projet est né d’un désir profond : recréer du lien là où il s’est effiloché, notamment dans les milieux ruraux souvent oubliés par l’offre culturelle. À travers cette forme simple, mais intime et immersive, nous cherchons à retisser une trame humaine : redonner goût à la rencontre, à l’échange, à l’émerveillement. Faire sentir que l’on peut encore s’étonner, s’émouvoir, s’écouter, même entre inconnus, même en silence. Nous aimons dire que ce café, à l’instar de l’histoire personnelle d’Albertinho , immigré portugais exilé aux mille et une vies) est itinérant comme les oiseaux migrateurs : il s’installe dans une rue, une place, un coin de verdure, et puis s’envole, laissant derrière lui des rires, des images, des souvenirs. Il ne laisse que peu de traces, mais touche parfois beaucoup. Notre ambition n’est pas spectaculaire. Elle est plus discrète, presque modeste : créer un espace d’humanité dans le tumulte du monde. Offrir un moment suspendu, où la culture ne monte pas sur une scène, mais s’assoit à votre table. L’Oiseau de passage, c’est une invitation à ralentir, à écouter, à rire ensemble, et à croire – ne serait-ce qu’un instant – qu’un monde plus doux est encore possible. Dans la lignée de nos différents spectacles, L’oiseau de passage aborde cette thématique avec humour, dérision, originalité et légèreté, incitant à l'empathie
Pour se faire, nous faisons appel à notre format de prédilection : la marionnette taille humaine. Ce choix n’est pas anodin. La marionnette, telle que nous la pratiquons, intrigue, surprend, fait rire, bouleverse. Elle attire l’attention tout en créant une distance affective douce, qui libère la parole, ouvre l’imaginaire, et permet un lien plus libre, plus ludique, plus sensible avec les spectateurs.Loin des clichés figés, la marionnette contemporaine s’est émancipée depuis plus de vingt ans pour devenir un médium vivant, ancré dans le réel, à la croisée de l’art, de la poésie et du quotidien. Elle s’invite dans la rue, dans lesécoles, les médiathèques, les centres sociaux, en complicité avec les habitants. Albertinho, comme d’autres personnages de la compagnie, devient peu à peu un visage familier, une figure attachante que l’on interpelle : « La forme, Albertinho ? ». Il entre dans la vie des gens avec bienveillance, parfois jusqu’à se faire oublier comme marionnette pour devenir un alter ego, un confident, un relais. Ce format permet d’éveiller des souvenirs, des récits de vie, des mémoires individuelles et collectives. Il incite à la parole, à la question simple mais essentielle : « Et toi, c’était comment, chez toi ? ». Ces échanges nourrissent directement notre travail artistique, sous la forme d’un "théâtre de vie", proche du territoire et de ceux qui l’habitent. Ainsi, chaque rencontre devient potentiellement une scène, chaque village un décor, chaque habitant un porteur d’histoires.


La structure
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En voyant L’oiseau de passage, on découvre une petite bâtisse bricolée, à la fois modeste et pleine de charme, qui évoque immédiatement l’univers chaleureux des anciens troquets de village. L’enseigne peinte à la main sur une pancarte est un clin d’oeil malicieux à l’itinérance du spectacle et à l’histoire de son propriétaire.Derrière les vitres à rideaux de dentelle, on devine un intérieur rétro, avec ses objets chinés, ses assiettes décoratives accrochées au mur, des autographes des tars d’antan, une lampe vintage, et un papier peint ancien qui évoque les intérieurs d’antan.La structure est faite de matériaux simples : bois brut, fausses briques peintes, tôle ondulée, et un assemblage volontairement imparfait qui participe à son esthétique artisanale et vivante. ; mêlant humour, accessibilité et culture populaire.Ce café miniature incarne un lieu de rencontre improbable, à la croisée du théâtre, de l’installation et de l’espace social. Il tient dans quelques mètres carrés, mais semble pouvoir contenir un monde d’histoires, de rires, de confidences et des ouvenirs.
Exemple d’histoires d’Albertinho
" Quand j’étais enfant, le système de Salazar était déjà bien en marche. Alorsbien entendu, à cet âge, je n’avais encore aucune conscience de tout ce quecela représentait. Je me laissais convaincre sans beaucoup de difficulté par lesparoles des adultes que je buvais comme un enfant boit les paroles de sesparents. Puis, subissant les caprices de l’adolescence, je me suis mis à ressentirde plus en plus l’injustice et les maux que ce système engendrait dans notrepays. Ce sentiment que tout ce qui m’entourait n’était pas normal. J’ai vu ceque la privation d’expression à fait à beaucoup trop de mes compatriotes, à quelpoint il est curieux de prendre l'habitude de mettre la main devant la bouche etde parler bas en public (les gens faisaient ça pour éviter d’être entendu par lesbufos). La police contrôlait les universités et embêtait les fils ou filles de pauvresd’y accéder. Un jour, j’ai rencontré un ami de mon père qui avait été enfermépour en avoir trop dit lors d’une soirée un peu trop arrosée. Il avait subi latorture. Sous toutes ses formes. Quand on revient du fort de Caxias, on ne peutqu’être muré sur soi-même. Parfois, alors qu’il ne disait rien, je l'entendaisfredonner. C’est comme entendre un disque rayé qui jouerait en boucle lesmêmes mesures. Alors, j’ai vite entrepris de résister à la hauteur de mesmoyens.Petit geste par petit geste. Un matin, j’ai commis la bêtise dont je suis le plusfier. Il y avait un vieux chien errant dans mon quartier. Mes amis Joao et Afonso,avec qui nous avions fait les quatre cents coups, décidèrent de m’aider àassener à la PIDE, la police d’état , un coup là où ça fait mal. La dignité. Nousavons ramassé une des déjections du chien, l’avons placé dans un vieux journalrécupéré la veille et nous avons placé le tout sur le seuil de l’entrée principaledes officiers et autres hauts-gradés. Je sortis de la poche de mon pantalon uneallumette que je craquais avec la semelle de ma chaussure. Elle mit quelquessecondes à s’allumer. Quelques secondes qui me parurent 20 ans. Allumant lepapier journal, mon doigt alla percuter le bouton de la sonnette d’entrée. Undes commissaires sortit du bâtiment, ouvrit la porte et par peur du feu naissant,vint donner des coups de pieds dans le journal dans le but d’éteindre lesflammes. En quelques secondes, son pantalon et ses chaussures furentrecouvertes d’une matière qu’on n’a jamais envie d’avoir sur soi. Bien qu’il m’aitcouru après et qu’il m’ait mis une sacrée torgnole, je n’ai jamais regretté d’avoirfait ce que mon coeur me dictait. "